Mai 2017, j’anime pour mes élèves un stage de perfectionnement à la soufflerie de Lille « Weembi« . J’y croise Julien Degen et Thomas Perrin qui me font une proposition inattendue :  « Polo, accepterais-tu de participer, avec nous, en aout aux prochains championnats d’Europe de VR 8 à Saarlouis en Allemagne ? Nous prévoyons uniquement 20 sauts d’entrainement et 2 heures de soufflerie à Weembi. « 

L’équipe sera composée de deux jeunes membres de l’équipe de France « espoir« , de Martial, et d’ex-membres du VR 8, tous champions du Monde. Mais pourquoi moi ? J’ai arrêté la compétition internationale en 2006 ? « Nous faisons le choix de l’expérience. Et puis, on te voit voler, tu es toujours dans le coup ! « 

Comment refuser cette marque d’amitié et de confiance ? Le rendez-vous est pris début juillet à Lille pour effectuer les vingt sauts d’entrainement et les deux heures de soufflerie. J’avoue ne pas savoir comment je vais réagir après tant d’années d’absence. L’anticipation des figures, les « brain locks«  possibles, le rythme. Au fur et à mesure des sauts, la confiance revient. Le troisième jour les sensations et le plaisir de voler sont retrouvés. L’entraînement s’achève déjà. Nous nous retrouverons à Saarlouis dans un mois pour quelques sauts de préparation et la compétition.

Nous sommes le 9 aout. La compétition commence. La météo de la semaine est maussade et nous effectuons peu de sauts. Au final une médaille de bronze en championnat d’Europe vient couronner cette belle histoire qui, quoique différente, m’a rappelé étrangement 2006.

Quelles conclusions et réflexions ai-je tiré de cette expérience ? Se préparer avec sérieux, sans pour autant se prendre au sérieux, physiquement et mentalement reste indispensable. Toutefois, l’ambiance, le plaisir de voler ensemble, sans pression ni tension sont aussi les ingrédients essentiels de la réussite. La remise en question, l’analyse de soi, restent des catalyseurs puissants. Ils m’ont permis de comprendre qu’avec le temps et l’expérience, le mental peut significativement compenser le physique ; n’avoir rien à perdre, être serein, retrouver des réflexes et des techniques en sommeil depuis des années. Retrouver des sensations de fluidité dans son vol et ouvrir les yeux.

Un grand merci à mes coéquipiers pour leur confiance : le capitaine de l’équipe, Julien qui a porté ce projet de main de maître, Martial mon compagnon de longue date, les deux « jeunes’« , Eliott et Aurélien, dont l’avenir est prometteur, Arnaud qui depuis son dernier titre de champion du Monde de VR 8 n’avait plus fait de vol relatif, Jo (mon binôme) et ses précieux conseils techniques, Thomas, équipier modèle et Olive vidéoman exceptionnel. Spécial thanks à « Weembi« , à « Boogie Man«  qui a mis tout en œuvre pour me confectionner une combinaison au top et dans les délais, à la FFP et à Mathieu Bernier pour avoir cru en cette aventure.

Dommage qu’il n’y ait pas eu plus sauts d’entrainement pour une performance plus pointue. Mais cette aventure me laissera un souvenir inoubliable. C’était ma dernière compétition … Qui a dit « ou presque«  ?